Parution de Valeurs humaines de juin 2022
« Pour les générations futures »
Amie de Victor Hugo, avec qui elle échangea une longue correspondance, George Sand est une femme pionnière, aux talents et combats multiples.
Si, à partir de 1830, elle défendit la cause des femmes, « une femme et un homme, c’est si bien la même chose 1 », puis en 1848, la République, son dernier engagement fut en faveur de la défense de la nature. Elle rédige alors une série de textes en faveur de la protection des forêts, notamment celle de Fontainebleau.
Dans le journal Le Temps, en 1872, il y a cent cinquante ans, elle pose le problème de la déforestation en des termes proches de l’écologie politique actuelle. « Si on n’y prend pas garde, prophétise-t-elle, l’arbre disparaîtra et la fin de la planète viendra par dessèchement, sans cataclysme nécessaire, par la faute de l’homme. [...] il y a un grand péril en la demeure, c’est que les appétits des hommes sont devenus des besoins impérieux que rien n’enchaîne 2. »
Elle invite à résister, à se soucier des générations futures, et à protester contre le slogan « Après nous la fin du monde ! », « le plus hideux et le plus funeste blasphème que l’homme puisse proférer [...], rupture du lien qui unit les générations et qui les rend solidaires les unes des autres 3. »
L’urgence climatique actuelle ne l’étonnerait donc pas outre mesure, et elle ne pourrait que soutenir l’exposition « Graines d’espoir & Action » et l’initiative lancée par la jeunesse « Justice climatique et justice sociale » du 19 juin (voir p. 16-17). Lors de ses obsèques, en 1876, Victor Hugo lui rendit un vibrant hommage, déclarant : « Dans ce siècle qui a pour loi d’achever la révolution française et de commencer la révolution humaine, l’égalité des sexes faisant partie de l’égalité des hommes, une grande femme était nécessaire 4. »
Bertrand Rossignol,
Directeur de la rédaction
1. Lettre à Gustave Flaubert du 15 janvier 1867.
2. Écrits sur la nature, Éd. Le Pommier, 2022, p. 75 et 76.
3. Ibid., p. 77.
4. Actes et Paroles – Après l’Exil, 10 juin 1876.
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