« Le bouddhisme du peuple »

2022 est une année de célébrations dans l’histoire du bouddhisme japonais. Elle marque non seulement le 800^e anniversaire de la naissance de Nichiren, en 1222, mais aussi le 1400^e anniversaire du décès du prince Shotoku, en 622, et le 1200^e anniversaire de celui du grand maître Dengyo, en 822. Shotoku est sans doute le souverain le plus célèbre de l’histoire du Japon. Homme de grande vertu, il promulgua en 604 une Constitution en dix-sept articles, dans laquelle certains commentateurs, pour la plupart orientaux, veulent voir un premier pas vers la démocratie. Son commentaire du Sûtra du Lotus, Annotations sur le sens du Lotus, daté de 615, est considéré comme le plus ancien texte en japonais. Shotoku permit au Sûtra du Lotus de gagner en notoriété jusqu’à devenir l’un des trois sûtras officiellement récités pour la protection de l’État.

Saicho, le grand maître Dengyo, est connu comme le fondateur de l’école Tendai au Japon. Il est à l’origine du temple Enryaku-ji, près de Kyoto, où Nichiren étudia plusieurs années. Il s’éteint le 4 juin 822, laissant ces mots à ses disciples : « Ne faites pas d’images de Bouddha, ne recopiez pas de sûtras pour moi, proclamez plutôt ma pensée ¹. » En 866, lui fut accordé le titre de Dengyo Daishi, « Grand maître propagateur de l’enseignement », sous lequel il sera connu par la suite.

Shotoku, Dengyo et Nichiren permirent au Sûtra du Lotus de connaître un grand essor au Japon. Nichiren, cependant, par l’accessibilité de son Daimoku, qui touchait toutes les couches de la société japonaise, fut le premier à « démocratiser » les enseignements de ce sûtra. C’est la raison pour laquelle, sous l’impulsion du président Ikeda, le bouddhisme de Nichiren s’est adapté à tant de cultures différentes et connaît aujourd’hui un essor sans précédent dans le monde.

Soyons plus que jamais fiers de notre engagement au sein du mouvement Soka, qui n’a d’autre fin que « la victoire des personnes ordinaires », comme l’illustrent les magnifiques vécus présentés dans ce numéro.

Bertrand Rossignol,
Directeur de la rédaction

1. Cité par Paul Groner, Saicho: The Establishment of the Japanese Tendai School, Berkeley Buddhist Studies Series, p. 95.

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